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2008, une année de transition

 

NDLR: article supra-long ;-) mais qui en vaut la peine! Patrick Bouillet, chauve rigide nantais, vous fait vivre ses expériences de cross 2008 comme si vous y étiez, avec une touche d'humour très agréable. Bonne lecture !


Après les commentaires élogieux du Maître sur la fiche de stage de l’an passé et malgré un début de saison, comment dire, en demi-teinte (moins de 5 h de vol dont la moitié en thermo (faible) dynamique (fort)), la perspective de passer 3 semaines et demi à la Mecque Deltitistique laissait augurer un pétage de compteur en règle.

Bien sûr, j’avais le cœur gros de laisser mes chères crevures ménapiennes en solo cette année pour le stage. Mais je me réjouissais cependant de croiser à nouveau les bords d’attaque avec eux pour cet Everest du Vol Libre qu’est l’Open Belge.

Puis ensuite, se profilait, après une semaine mi-famille/mi-Chabres, un stage avec… 3 autres rigides. Bref, on allait voir ce que l’on allait voir, 150 km tiens-toi bien, si tu ne viens pas au Chauve, c’est le Chauve qui viendra à toi, ha ha.

C’est du moins l’état d’esprit qui m’animait en descendant le Col de la Croix Haute après les 10 h de route nécessaires pour venir de ces brumes épaisses et de ces langueurs océanes qui vont si bien aux marches de la Bretagne.

Après les retrouvailles toutes en retenue comme d’habitude (Hips, fait péter les chips et le cubi de rosé !), il était temps de programmer le programme. Même si les conditions de la semaine n’ont pas été particulièrement fracassantes (sauf pour un élève de Bernard Kurtz et notamment ses avant bras), le groupe a cependant bien volé.

Vendredi : repos (les belges volent). L’avantage d’avoir plus de 3 semaines devant soi, c’est vraiment de pouvoir se dire,  (façon Brice de Nice) « Non pas aujourd’hui, je sens que le thermique ne me veut pas… ».

Samedi 20 juillet : Alain m’accepte gentiment en surnombre dans le stage des Belges. Déco Sud : régime de brise avec léger Nord, peu ou pas de cum, la tâche sera de monter jusqu’à Serres puis éventuellement de faire le tour de la Vallée par l’Est et le Sud Est pour ensuite rentrer – Bures étant exclu pour cause de Nord.

Plafond vers 2 500 sur Chabres, un petit crochet sur le col intermédiaire pour élargir la balise puis, « Gaz » vers Beaumont. Je pars devant. Très bonne transition, je schinte Orpierre et avance comme un grand sur Beaumont. Tiens, bizarre, pas de cum, je vois un souple au niveau des antennes qui zone dans les basses couches. Pas grâve me dis-je, le maître il a dit que Beaumont c’était une bonne montagne…,
Ayant toujours à l’esprit et gravés en lettres de feu, les préceptes du Maître, « ON NE DESCEND PAS SUR PLACE », j’avance. J’informe cependant les copains que sur Beaumont « c’est pas du +8 ». Des thermicous mignons daignent donner du +0.3 de temps en temps, sinon pas glop.

Toujours confiant dans la montagne et encore à 2000, je rejoins les Antennes puis les ravines au Nord Est de Beaumont, toujours rien, « J’avance toujours j’avance » (façon Claude Nougaro dans « Boxe »), balise à la verticale de la route  séparant Beaumont de Serre de la Bouisse, mon altitude n’est plus que de 1650. Retour vers la crête et les antennes : rien de nib de zer de que dalle. Aïe, aïe, voilà un vol qui s’annonce plus difficile que prévu.

Alain, Pierre et Bernard voyant que cela ne donnait pas des masses préfèrent filer directement sur la pointe Nord Ouest de Saint Genis, ils y raccrochent tous assez bas, mais ça monte.

Pour ma part, je suis désormais au niveau de la crête sous les antennes et dois dégager en vallée. Dès le passage sous la crête, la composante « Ouest » me met « sous le vent » de Beaumont. -4, -5, la vallée s’approche très vite. Vite, vite, on tire et on file à 100 km/h en milieu de vallée. Alain m’informe que des deltas enroulent du côté de la Germanette. Je les vois ainsi que le terrain qui pourrait bien tous nous accueillir dans pas longtemps… C’est Jean Claude qui essaie de se tirer d’un point « très bas », malheureusement sans succès.

Bon me voilà à 900 m soit moins de 200 m sol. J’enclenche le mode « pilote de plaine » et tel l’épagneul sur la bécasse, je prospecte la quille au vent avec le peu de gaz qui me reste et principalement vers Montrond (mon dieu que ce relief est bas et petit… mais il parait que de temps en temps, ça donne…). Bip, bipbip, bipbipbip, ça zérote, ça zérodeute, ça zérotroite, çuilà me dis-je dans mon péto, faut pas le lâcher, c’est LE thermique de la journée.

Michel, me voyant enrouler « comme un fou » à plat et à 35 km/h me rejoint ainsi qu’un autre rigide. A trois, nous arrivons à trouver la meilleure alimentation. Le thermique malgré le vent météo relativement faible dérive bien vers le Sud et vient s’appuyer sur Montrond.

Ca s’homogénéise,  ça "unmet’seconde", puis deux, puis trois... Bref, nous v’là sauvés.

Plaf sur Saint Genis, transition sur Aujour. Michel est un peu en retrait (fin de l’ascendance ?). Je rattrape Pierre et Alain, qui temporisent pour nous attendre en faisant un petit tour au nord du sommet d’Aujour. Ils filent vers la crête des Selles, le Pic de Crigne et traversent l’entrée de la vallée de Tallard vers la tête de Boursier.

Ils raccrochent assez bas vers 1350 m. Je fais le plafond sur Aujour, la transition pour moi est très bonne et j’arrive à plus de 2400 m sur le Pic de Crigne. Je traverse à mon tour, toujours bonne transition et arrivée à + de 2000 sur la tête de Boursier. Les copains sont en dessous, me donnent les indications de pompes que je chope plus haut et donc plus organisées.

Je pars derrière eux mais beaucoup plus haut vers la Blachère. Ils se refont assez bas au dessus de cette montagne, pour ma part, je continue à avancer vers Jouere en espérant trouver quelque chose plus loin. Au pire, je ferai demi-tour pour revenir sur la Blachère. Je trouve un thermique en milieu de vallée qui me remonte à 2600 m sur Jouere. Là, je temporise un peu, car cela ne monte plus vraiment.

Je file sur le Trainon. Des cums sont désormais bien présents et ça facilite quand même le repérage des pompes. Plein sur Trainon. Alain et Pierre arrive seulement sur Jouere. Je continue à avancer et arrive sur Gâche par l’Est. Re plein à 2400 m et j’informe Alain que je rentre. Transition d’une seule traite, avec toujours l’angoisse : « Je rentre, je rentre pas… ». Je ne trouve rien sur le chemin et comme d’habitude, ça dégueule fort avant la Durance mais ça va mieux après.

Je passe l’entrée du terrain à 80 m sol, je m’aligne, sortie des volets, prise de vitesse, palier, poussé et… posé sur les pieds ! Bon, ben voilà un début de séjour qui commence bien. 3 h 30 de vol et 72 km. Pas de record mais une bonne mise en train. Alain et Pierre se posent ½ heure plus tard.

Le soir bien évidemment, je me fais mazouter par les Belges.
Déconnade - nous sommes encore tous là… - puis dodo, car demain normalement les choses sérieuses commencent avec le début de l’Open Belge. Normalement, car la météo n’est pas des plus enthousiaste…


Dès le réveil, le lendemain, Dimanche 22 juillet, on sent tous que la manche va être annulée pour cause de risque d’orages. Des stratos-cumulus sont présents dès l’heure du crémier. Direction le Lac du Riou pour une après midi, sieste baignade.

Prévision pour le Lundi 23, Nord fort avec des rafales à 45 nœuds en vallée du Rhône. Même en prenant la moitié pour Chabres, ça décoiffe grâââve. On en profite pour faire une séance de réglage de harnais avec Jan Haagdoren et Michel Blockx. La tête en bas : en gros pour les transitions, quand tu es mal : tu es bien !

Le lendemain, mardi 24, toujours trop de vent pour Chabres. Ca grommèle dans les rangs des compétiteurs. Une pression légère mais constante sur le comité de course… Bref, il est décidé de faire une manchinette sur Saint André les Alpes. On charge toutes les ailes et nous voilà partis.

Antoine Saraf, qui a fait le National Français quelques jours plus tôt à Saint André et qui a vu un copain se tirer d’un tumbling, nous dit en partant : « Bien les gars, allez voler à Saint André avec du Nord… vous voulez en tuer combien ? »

La suite malheureusement allait lui donner raison, même si les conséquences ne seront pas aussi funestes. Arrivée vers 13 h sur le déco de Saint André. Les quelques « locaux » qui pensaient se retrouver à 3 ailes comme d’hab, voient arriver 32 pilotes et leur machines. Du Saint André comme aux plus belles heures du Delta en 1985 !.

On monte sans trop se presser, le comité de course a prévu une manche de 47 km : B1, Thoram ville, B2 Pic de Chamatte, B3 Grand Cordeuil et but attero de la Mure.

Une précision qui aura son importance par la suite… le comité pris un peu au dépourvu, n’avait pas les coordonnées GPS exactes des différentes balises mais avait procédé par approximation entre deux balises connues.

Je n’aime pas Saint André, son déco suralimenté, ses pompes démentes, ses vallées imposables, son attero officiel de daube (heureusement que la vache planeur de la Mûre est désormais « atterro officiel »), mais on a pas le choix et pi, on est pas des tarlouzes !

La corvée du « rentrage » de points GPS étant achevée, tout le monde s’équipe, le premier Start est à 15 h. Je décide de le prendre pour éviter la cohue au dessus du déco.

L’avantage du rigide, c’est que même si ça booste la mort, l’aile reste parfaitement équilibrée. Déco sans problème, je fais 2200 au dessus du déco, les pompes ne dérivent pas beaucoup mais un peu quand même, ce qui prouve que le vent météo est quand même là.

J’avance vers les antennes en compagnie de Jan. Très grosse dégueulante et j’arrive sur les antennes en ayant perdu près de 800 m… pour 5 km, et je suis en rigide !. Devant les antennes, rien que des pétards teigneux difficilement exploitables. Je fais du yoyo en compagnie de 15 autres zozos. Dès qu’un malheureux a le malheur d’enrouler un boulet, toute une meute se précipite sur lui. J’en chope un enfin qui me remonte à 2 500 m et me décale bizarrement vers le Nord alors que le vent météo est justement du Nord ?! Je suis pratiquement à mi chemin entre les antennes et le grand Cordeuil. J’avise Jan qui est beaucoup plus bas sur le petit Cordeuil avec 2 autres ailes.

Je vais me positionner au-dessus d’eux et prend un bon thermique qui me permet de raccrocher sans problème le Grand Cordeuil à 2 400m, je fonce vers le NO pour faire la balise sur Thoram. Excellente transition de 5 km, je suis parti 200 m plus bas que 2 souples un peu derrière moi pour 300 m. Je fais la balise sans problème et je les croise sur le chemin du retour 2 km après la balise, ils sont 200 m plus bas et il leur reste encore la balise à faire… j’aime le rigide !

Retour sur le Grand Cordeuil, je suis dans le rythme même s’il est difficile de bien voler dans ces phases de boulets montants ET descendants. J’ai un mal de chien à remonter sur le Cordeuil. Je suis avec Bobo, qui lui doit aller faire la balise (je me dis donc que je ne suis pas si mal parti que cela). Pierre, Bernard, Jean Claude et Jean Marc sont très loin derrière et  encore sur les antennes.

C’est à se moment là à la radio que l’on entend la voix calme de Michel nous dire,  « De Michel, je me suis crashé sur l’atterro de Lambruisse. ». Bernard, « Ca va Michel, t’as fait un montant ? ». Michel : « Je répète, je me suis crashé et je ne peux pas bouger »… Glups !!! Silence Radio… puis, « Souhaites-tu que nous appelions les secours ? », « Oui… ».
On relaie l’information à Chantal la compagne de Michel qui fait en plus office de Directeur de Course… et qui du décollage ne reçoit pas Michel en direct. Chantal très calme, même si l’on sent l’angoisse monter, « Ok, peux-tu dire à Michel que je préviens les secours et que je descends »….
On a beau dire, ça nuit grandement à la concentration pour le vol.

Bernard, reste dans la zone où Michel s’est crashé pour pouvoir relayer ses messages et tout le groupe reste dans l’attente : il est vivant bon, mais dans quel état ?

J’envisage même un moment, (et je pense que les autres aussi), de rejoindre le premier atterrissage pour aller le secourir, puis la raison prend le dessus. On est moins compétent que les pompiers et sa compagne est avec lui. Nous attendrons les nouvelles le soir au camping.

Décidément… je repense à ce qu’avait dit Antoine Saraf…

Le vol continue. Enfin une bonne pompe sur le Cordeuil et je transite d’une traite sur la Crête des Serres. J’arrive haut sur cette crête et chemine vers B2. Pic de Chamatte à 1850, je jette un coup d’œil à mon GPS, ok, il a basculé, et reprend le vol au vent de la crête. Arrivée à mi distance, sans avoir réellement trouvé quelque chose, (je suis désormais à 1750) je me rends compte que je n’ai pas fait la balise… In fine, le comité de course avait positionné la balise 1,5km sous le vent du Pic de Chamatte mais dans l’axe de B3 ! De rage, je retourne faire la balise et, ce point fait à 1450 m, je me rends compte avec horreur que je ne pourrai pas revenir au vent de la crête ! Coup d’œil en dessous, c’est une vallée au Nord de la Crête des Serres et les rares terrains +/- posables sont agrémentés de bottes de paille !!!

Sauvez le chauve !!! Je me jette sur les faces ensoleillées mais sous le vent du Nord en espérant avoir un peu de chance et prendre quelques brises de pente. Je ne suis plus qu’à 1150 m et miracle !... les feuillages s’agitent sous moi et je commence à prendre quelques boulets dans la tronche ! Je grappille peu à peu, 15 m puis 50m, ça s’arrête, j’avance alors jusqu’au prochain boulet, et je remonte ainsi, la peur au ventre et la rage aux dents (que je l’ai injuriée cette pu…. de montagne !) toute cette vallée hostile jusqu’à ce que j’arrive à reprendre 1787 m (encore gravé dans ma mémoire cette altitude…), en bout de vallée.

J’ai eu trop peur, marre de ce coin pourri, de cette manche à la con, je vois par le travers l’atterro de la Mûre, là-bas, bien loin, mais je décide d’y aller et de ne pas faire B3. Nouvelle erreur, plutôt que d’assurer gentiment le plein, je commence à transiter sans avoir intégré le fait que je suis dans les basses couches, que le vent de vallée va être présent et que je vais l’avoir dans le groin.

Bingo ! Je l’ai bien dans le nez et avec un venturi en plus ! Celui provoqué par la partie Nord Ouest de la Crête des Serres qui plonge vers le Verdon. Je passe la crête à moins de 50 m sol. Toute cette transition de 15 mn, ça a été : le Verdon, la Mûre, le Verdon, la Mûre, le Verdon, la Mûre, la Mûre, la Mûre (tujurs l’amure…)… OUUUUUUFFFFF, je rentre avec pas plus de 20 m au dessus des arbres de l’entrée du terrain ! Et tant mieux par ce que les graviers dans le Verdon, ils sont moulus gros ! Pendant toute cette période tendue, Bobo a toujours été là par la radio et cette simple présence m’a été d’un grand secours moral.

Je suis totalement furieux contre l’organisation… et ma propre connerie. A ce moment, fallait vraiment me causer bien ! J’aurais pu en venir aux mains.

Je demande tout de suite des nouvelles aux pilotes présents. A priori, Michel peut bouger mains et jambes mais il a très mal au dos… aie, ça sent la vertèbre.

Pierre et Jean Marc se posent une demi-heure plus tard en ayant fait un relief de plus que moi. Je vois arriver Jean Claude et le Président de la FBVL, se tenant chacun le bras gauche bizarrement enflé… Jean Claude : « non, non, je n’ai pas mal, ça doit être un hématome… « Ben voyons… » me dis-je. Ah bien, 1ère manche et 3 pilotes au tapis : avec + de 10% de perte, on bat à plat de couture les commandos-parachutistes. Ils se sont posés dans le même champ à Thorame et ont fait chacun un montant et un avant bras gauche…

Bobo se pose le dernier quasiment à lumière des feux de voiture, mais en ayant bouclé les 47 km en 5 h 30 de vol. Une moyenne comment dire… pouvant s’inscrire dans un plan de progrès.

Retour à Laragne dans la voiture de Pierre, en ayant déposé au passage Jean Claude aux urgences de Sisteron. Pendant que nous prenons des nouvelles de Michel par téléphone qui a été transféré à Digne puis à l’hôpital Nord de Marseille.

Les urgences 3 – les belges 0… 4 j’oubliais le pilote en soins à Gap pour une double fracture ouverte des avants bras… !

Le tourisme hospitalier, on vous dit !

Sans compter que Bernard décidemment malchanceux, fait un montant à l’atterro et en plus une speed barre carbone. Tom Haagdoren lui donne la note : 700 € !!!! (on va essayer de réparer !)

Le soir au camping, l’ambiance est plutôt morose. Chantal vient nous donner des nouvelles plutôt rassurantes même si l’on sait que la convalescence va être longue. Côté Jean-Claude, il arrive vers minuit, le bras gauche plâtré en écharpe et Cécile sous l’autre bras…
Sur ce tout le monde va se coucher, car pour les valides restants, il y a manche demain.



Mercredi 25 : Déco Sud Espranon. A la galère !!!! Bonjour le portage, heureusement les d’jeunes’ (Aubry, Benoît, Pépette,…) sont là pour nous filer un coup de main. 1ère galère, une protection, part tout au fond du D-tube et je n’arrive pas à la rattraper. Je ne sais pas si un câble de commande passe dedans ou non et si dans ce cas, il risquerait d’être bloqué par la protection… 2ème galère : je n’ouvre pas suffisamment l’aile au montage et je casse un volet à 10 cm de l’extrémité la plus fine. J’aurais pu voler avec mais 2 galères sur le même déco : je dis stop ! Je replie et décide d’attendre les décollages des autres pilotes. Le vent oscille entre le Nord et le Sud… Beaucoup de pilotes vont au tas des 2 côtés et nous assistons à des sketches pas piqués des hannetons. Heureusement le très Haut dans sa grande mansuétude ne met personne dans la falaise…

Jean Marc attend désespérément un moment face un peu alimenté pour s’élancer… Nous attendrons ensemble jusqu’à 16h00 sans que cela ne change. Bobo, lui a saisi un moment face pour y aller. Il fait un point très, très, très bas sur Barais, mais arrive à remonter et part pour faire la tâche, qu’il arrivera à boucler.
Redescente au camping avec pour objectif de mettre la main sur Fred Pignet qui nous a dit avoir de la résine et du carbone. (on va faire un atelier carbone avec Bernard). Nous chopons Fred qui revient d’un vol de 6 h et déjà 5 bières. Il commet une erreur de dosage entre réactif et résine : RT pour mon volet ça colle encore un peu le lendemain mais ça tient, en revanche pour Bernard, ça plie sévère au montage… il part en quête d’une autre speed barre d’occase en attendant de réparer la sienne…

Jeudi 26 : Déco Chabres Sud. Vent météo Sud pour 20 km/h à 3 000. Je refuse de remonter mon tagazou aux Espranons et le monte aux fainéants. Tâche : NO d’Oule, Tête de Boursier, Gâche, Crête NO d’Aujour et camping : 107 km. Là le vent est correctement présent et tout le monde décolle sans problème. Plafond sur Chabres à 2 700 puis transition en direct sur Saint Genis. Plaf à Saint Genis, je vole en compagnie Jean Marc. Aujour, plafond également sans trop de problème. Puis transition en direction de B1. Bobo, nous rejoint et nous y allons à trois. Je pars un peu devant, fait la balise et essaie de retrouver les thermiques que j’ai senti sur l’aller. Peine perdue. 2 options, soit essayer d’aller vers Oule (mais je ne suis pas très chaud), soit de chercher quelque chose dans les ravines au Sud d’Oule. Jean Marc prend la première option, moi la deuxième. Bobo est repassé devant et lui a trouvé un bon thermique qui lui a permis de raccrocher Aujour (vent dans le nez). J’ai pris la bonne option, je me refais après un point bas à 1000 m (300 m sol), malheureusement Jean Marc se pose au pied d’Oule.

Aujour puis Tête de boursier sans trop de problèmes. (plaf à 2400 m) Une rue de cumulus balise le chemin vers Gâche. Des planeurs nous indiquent même gentiment les pompes. Je transite en direct derrière le rocher de Hongrie et arrive en 1 plein (devant Jouere) à Gâche. B2 : OK. J’entends Bobo qui est 5 km devant moi et qui vole avec Malcom m’informer qu’il se refait en vallée au Nord de Hongrie mais après avoir vraiment cru qu’il se posait.

A ce moment là, on entend Pierre qui se plaint d’avoir mal au dos et nous dit qu’il va se poser en urgence… Il a juste le temps de le faire et de se décrocher avant de s’allonger sous son aile, incapable de bouger, fauché par une crise de coliques néphrétiques… (bonjour la série).

Chantal qui revient de visiter Michel à Marseille, l’entend de Sisteron à la radio et nous dit qu’elle assurera la récup. (C’est vrai, c’est désormais notre championne des urgences). Direction Gap pour ce « sous-groupe ».

Je pars de Gâche assez bas (vers 2200) en direction de la tête de Boursier. Début de la transition très moyen, j’avise une mini grappe à l’Ouest de Hongrie et fait 2 tours dans du zéro avec l’ancien Exxtacy de BCP, racheté par un Hongrois. Je ne suis plus qu’à 1 300 m mais je décide de ne pas me poser à Vaumeilh et de continuer vers le Nord (ce sera toujours ça de pris pour le classement). A 950 m, je repère un terrain posable le long de la Durance, mais décide faire une dernière branche Nord sur des ravines pour soigner mon approche. A 150 m sol, ça bipe, un tour, ça rebipe. Tant pis pour l’atterro, je l’enroule, et comme par magie, le thermique s’homogénéise, continue à dériver vers le Nord et me remonte jusqu’à 2200 m. Je suis à mi-chemin de la crête des Selles et de la tête de boursier pour 5 km dans leur Sud. Gaz sur Crête des Selles d’autant plus que Bobo, m’informe que ça ne monte pas beaucoup sur la tête de Boursier. Alors pourquoi faire une baïonnette inutile ?

J’arrive en même temps que Bobo sur le pic de Crigne vers 1650 m et commence à remonter la crête vers l’Ouest. Malcom est devant nous pour 3 km mais plus bas. Le vent de Sud étant assez fort, je me dis que je vais pouvoir faire toute la crête en soaring. Bobo, lui préfère assurer et refait un plein à la moitié de la crête des Selles. Malcom passe l’épaule au pied du sommet d’Aujour et se fait satelliser par un thermique trouvé sur les faces Ouest. J’arrive à mon tour mais plus bas de 20 m et ça ne passe pas !!!! Saloperie d’Aujour, je conchie cette montagne de toute mon âme. J’essaie encore d’amuser la galerie en allant sur les champs de blé fauchés au pied du sommet… Mais pas de sauvetage cette fois-ci. Posé à Savournon : 82 km, en 3 h 45 de vol. Bobo, lui, après avoir fait B3, boucle en compagnie de Malcom après un dernier plein à 2400 sur le sommet d’Aujour.

Je suis récupéré gentiment par Lary et de retour au camping, j’apprends que je fais quand même 5ème à la manche… Je remonte au classement de la 18ème (une manche en moins, ça fait plonger) à la 12ème place.

Les nouvelles de Pierre sont rassurantes, même si on lui annonce 48 h en observation… Il bout.


Vendredi 28 : Je reste aux Fainéants pendant que tout le monde monte aux Espranons. Déco Sud. Vent d’Ouest 15 km h, fraichissant 30 kmh au fin de soirée à 3000 m. La tâche : B1 Oule / B2 Sisteron / B3 St Vincent de Jabron, atterrissage Camping = 92 km. Déco dans les premiers pour éviter la cohue au dessus du déco. Là-haut, je temporise un peu mais je prends quand même le premier start (ça fera toujours des points de lead en plus).


Le début du vol est un peu à l’image de la veille. Je vole plutôt prudemment avec Jan qui nous sert de lièvre. B1 sans souci et en direct par St Genis / Sommet d’Aujour. La journée est vraiment très bonne avec beaucoup de cum, voire même des surdéveloppements déjà présents à 14 h sur l’Est de la Vallée. Heureusement le comité de course a placé la balise entre le roc de l’Aigle et Sisteron et pas sur Gâche comme hier.

A partir de Saint Genis, je pense faire le cheminement « Chabre / la plate / le roc de l’aigle / puis B2, mais à 2700 sur Chabres, Jan qui est déjà sur le Roc de l’Aigle me dit que le détour par la plate ne donne rien et que les Cums en vallée devraient faciliter le cheminement. Je me range à son avis et tire direct sur B2, j’y arrive en une seule transition de 16 km vers 1650 m donc largement au dessus de la Crête. Je trouve un mauvais thermique dès en arrivant, qui me dérive déjà très à l’Est. Indication, le vent d’Ouest est déjà présent. Le GPS m’indique 25 km/h, d’Ouest.

Eh ben, elle va être saignante cette dernière balise ! Je monte avec 3 autres planeurs, qui me tournent autour et en veulent à ma virginité. Je vois Jan qui a déjà fait B2 mais qui est très bas dans le col qui sépare la Plate du Roc de l’Aigle. Un gros voile de Cirrus avance et va tout mettre à l’ombre… Il me conseille d’assurer le plein et d’attendre que tout repasse au soleil. Effectivement, je suis remonté aux barbules à 2300 m et reste bien sagement dans la zone d’autoalimentation du nuage. En dessous, quelques deltas n’ayant pas réussi à remonter font du rase cailloux voire même du dégagement en plaine pour le posé.

Ça revient progressivement au soleil, de mon plafond, je transite comme une brique en croisant Jan qui revient vers le Roc de l’Aigle n’ayant rien trouvé sur le col. J’y arrive à 1500 m et commence à chercher l’ascendance qui va me permettre de faire la balise. Il faut assurer le plein car le vent est très fort maintenant et la balise est loin dans la vallée du Jabron.

Dans ce col, c’est la guerre….

Coincé plus ou moins sous le vent de la Plate et alimenté par les thermiques arrivant de la vallée du Jabron mais brossé par le vent d’Ouest, je me fais tabasser comme jamais depuis le début de la semaine et pour gagner des clopinettes. Après 10 mn de ce cirque, je décide de prendre le même chemin que Jan et revenir sur le Roc de l’Aigle. Je trouve enfin un bon thermique qui dérive quand même beaucoup vers l’Est et refait le plein à 2450 m, dans les barbules « plus ». Jan est parti faire la balise, mais sa transition a été très mauvaise et il arrive très bas sur le point à contourner. Fort de son expérience, j’optimise à fond ma transition et arrive à peu près 150 m au dessus de lui sur la balise.

Bon, il ne me reste plus qu’à rentrer au camping. Jan lui n’arrive pas à remonter et se pose dans la vallée du Jabron.
 
Vite, vite, demi-tour (un peu trop vite ?) pour retrouver la zone de combat du col. De retour, sur ce point, les conditions n’ont pas changé, c’est toujours le Mort-homme ou Douaumont (à vous de choisir). J’ai 4 h de vol dans les pattes, un peu fatigué et un peu moins lucide. Je ne remonte pas sur le Roc de l’Aigle

De plus, la moitié Est de la vallée est coiffée de gros cumulus joufflus. Je me dis que ça doit bien être alimenté de quelque part et je pars d’à peine 1650 m de ce fameux col.

1er effet kiss-cool : je passe sous le vent de la Plate. -4/-5/-6, je tire comme un bourrin pour me dégager au plus vite de la dégueulante (à 100 km/h).
2ème effet kiss-cool : si alimentation il y a, elle est plus à l’Est. Pendant toute la transition, je ne rencontre que des dégueulantes.

Je hurle à la mort tel le coyote ! Quel sport à la con ! 4 h à batailler pour aller se poser à la Marmotte, avec le camping en point de mire… Non, non et non. Je me rappelle soudain que la falaise de Mison peut éventuellement servir d’étape salvatrice… avec un fort vent d’Ouest : elle est justement là et le vent d’Ouest est conséquent ! Je me jette dessus comme la vérole sur le bas clergé breton et arrive à raccrocher un peu après le château à 30 m au dessus de la falaise.

Ça tient en soaring… c’est déjà ça. Lors d’une conversation dans les jours précédents, Alain nous avait dit qu’il suffisait de reprendre 300 m au dessus pour être en local du camping. J’essaie d’enrouler tous les boulets qui trainent et justement, un petit, teigneux mais puissant me remonte de 20 m, un tour, deux tours, je spirale à 55 km/h et à 45 ° d’inclinaison. J’ai chopé le noyau (+3) et même s’il me dérive fort à l’Est, il monte. Ça se redresse un peu, un coup d’œil à l’altimètre, 1250 m, j’ai mes 300 m. J’hésite entre le continuer mais m’écarter du but ou commencer la transition. J’opte pour la deuxième solution. La première partie de la transition est très mauvaise et je retrouve le -4 qui m’a amené sur Mison… Ah, non ! Je ne vais pas rentrer et être obligé de me poser à l’Intermarché… puis arrivant à moins de 100 m sol vers l’Intermarché une série de bullettes me remontent de 50 m… Ouf ! je rentre… et j’arrive même à me poser sur les pieds !

Je peux dire qu’à ce moment là, le Roi n’était pas mon cousin. Nous ne sommes que 5 à avoir bouclé. Un truc quand même me titille, est-ce que le GPS a bien fonctionné ? La main tremblante, je remets l’objet du délit au comité de course, qui m’annonce avec un grand sourire :
« 66 km ? ».
« Comment cela 66 km ? J’ai bouclé les 92 km NDD ! »
Cet empafé de GPS m’a bouffé la dernière balise et me positionne à 50 m à l’extérieur du cercle. Pourtant, il a bien basculé. C’est en rentrant dans les paramètres de mémorisation, que je découvre la cause du binz (qui était déjà présent l’année dernière), l’intervalle de mémorisation est de 500 m ! Donc il ne m’a pas pris en compte le passage dans le cercle de la balise.

J’ai la rage car je reste à la 12 ème place alors qu’avec le circuit bouclé, j’étais 8ème ! Piètre consolation, je suis devant tous les belges, mais avec Jean Claude, Michel et Pierre « out », Jean Marc en zigzag et Bernard groundé pour cause de casse matos… on ne peut pas dire que ce soit Arcole.

Il me reste demain pour remettre les pendules à l’heure.



Samedi 29 : la météo annonce de l’Ouest/sud Ouest assez marqué et des surdéveloppements précoces. Le comité décide de lancer une manche à Aspres avec un zig-zag en vallée, Aspres / Tête de Boursier, Gâche et retour pour à peine 65 km.

Avec Bobo et Jean Marc, nous décidons de partir très tôt car de gros cums commencent à se former sur aiguille, un voile de Cirrus arrive de l’ouest et tout le déco risque de passer à l’ombre. Décollage sans problème d’Aspres (dommage que ce site ne soit pas à Laragne…), montée à 1850 à l’Ouest. Ça charge violemment sur Aiguille et une coiffe commence à arriver sur le déco. Nous longeons la crête de la Lonjeanne vers l’Est en prévision de la transition vers Aujour… et le comité de course nous annonce par radio l’annulation de la manche : il pleut sur le déco.

Jean Marc quitte la crête et va se poser au Chevalet avec d’autres pilotes. Avec Bobo, on se consulte et vu que le sud Est est clair, nous décidons de rentrer par nos propres moyens au camping, surtout que c’est week-end de chassé croisé = route entre Aspres et Serres totalement saturée. Nous prenons une pompe au dessus de l’aérodrome qui nous monte à 2200 m, je transite directement sur Aujour, Bobo est parti devant mais ne trouve rien sur Aujour. Il continue assez bas vers l’Est. J’arrive derrière lui et prend un + 7 à l’Ouest du Sommet d’Aujour qui me remonte à 2400 m dans les barbules. Je sais que je suis en local du camping si le sud n’est pas trop fort. Bobo fait demi-tour et prend mon thermique, mais je suis déjà à 700 m au dessus de lui.

Je tire tout droit vers le camping, raccroche la crête Nord de Saint Genis à 2000 m, la crête Sud à 1800… je vais arriver satellisé au dessus du camping ! Effectivement, la transition est excellente (même un peu trop bonne…) et je suis à la verticale du camping à 1600 m. J’ai un mal de chien à descendre, la masse d’air est excellente. Pierre me demande de faire quelques 360 ° engagés pour la vidéo, je m’y conforme avec quelques réticences et me pose : nous avons mis moins de 45 mn pour revenir d’Aspres et 35 km ! Bobo se pose 10 mn après.

Fin de la compétition, ma place de 12ème ne bouge pas et Bobo est sacré champion de Belgique pour la 2ème fois de suite. (encore une victoire et il aura gagné l’œuvre d’art qui matérialise la première place du championnat).

Dernière soirée avec les Belges qui commencent à replier pour prendre la route dès le lendemain dimanche.

Toujours autant le blues de les voir partir, et le camping a des airs de « Jours d’après » très minant pour le moral. Je mazoute une dernière fois Bernard en lui disant qu’avec ce qu’il a cassé durant la période, il aurait pu financer un Exxtacy d’occase. Crevure un jour, crevure toujours !

Dimanche 30 juillet : ça vole mais je reste au camping pour préparer l’arrivée de ma chère et tendre ainsi que celle du nain. Fred Pignet boucle un circuit de 210 km (pas assez pour passer devant Vianney Tisseau, à la CFD).

Lundi 31 juillet :
J’ai permission de sortie et je me raccroche au groupe de Fred Pignet.
Ils partent très tôt (vers 12 h) de Chabres Sud, je pars un peu plus tard vers 12 h 30. Ils font une balise à la Rochette du Buis, je ne peux les rattraper, donc je vais faire mon vol de derrière. Au déco, je me retrouve avec les Hollandais qui ont commencé leur national.

Un vrai bocal de poissons fous avec 40 ailes dans la même pompe. D’en bas, c’est joli, mais de dedans… c’est flippant. Je sors de la grappe et tâche de prendre mon thermique à moi, plus faible mais sans stress. Cheminement jusqu’au col Saint Jean en essayant de rester haut, René qui est devant me balise une très bonne pompe sur Chamousse : + 5 intégré. Je retrouve la bande de fous furieux, et me fait sortir 3 fois du thermique par des pilotes très agressifs. Je les laisse passer pour assurer mon plein gentiment.

Fred est avec BCP. Ils sont déjà à Sisteron et leur plan de vol doit les mener vers Saint André, puis Dormillouse, et retour. Je leur annonce que je les suis mais très distancé.
 Le ciel est bien pavé de gros cum, donc me dis-je le vol devrait être facile. Les plafonds ne sont pas très hauts aux alentours de 2400/2600. Je traverse la vallée au Sud de Chamousse et rentre dans la vallée du Jabron. Je fais une erreur magistrale en ne restant pas sous les nuages qui sont parfaitement alignés au Nord du Pas de la Mule et de la crête de l’âne. J’avance le long des reliefs mais le vent qui est bien Ouest ne fait que lécher la montagne… J’avance, mais toujours rien.

J’arrive à mi-chemin de la vallée du Jabron, où je me rends compte qu’il n’y a pas grand-chose de posable !!! Ah non ! Pas encore. Je me retrouve en radada à moins de 150 m sol (moins de 1000 m QNH) dans le fond de la vallée du Jabron et j’enclenche une nouvelle fois le mode « pilote de plaine ». J’arrive à m’extraire de ce point bas en une bonne demi-heure en remontant progressivement le long des faces Sud de la Vallée du Jabron. J’arrive enfin à passer au dessus des crêtes et prends l’autoroute vers Sisteron matérialisée par une rue de cumulus.  J’ai perdu René à la radio et Fred et BCP ont déjà passé Vaumuse. Ils cheminent maintenant difficilement vers Saint André (j’ai déjà oublié le nom des montagnes) les plafonds sont plutôt plus bas à l’Est qu’à l’Ouest.

Je leur annonce que je me suis refait mais ayant pris trop de retard et ne connaissant pas le coin, je ne préfère pas prendre de risque. Je vais faire un circuit Chamousse / sisteron / pic de bure et retour. (ce qui me ferait un joli 130 km… !). Après m’être fait traiter de lâcheur, je commence ma remontée vers le Nord. 2 pleins en milieu de vallée me remontent jusqu’à 2700 m (tiens les plafonds montent…).

Je prends le dernier au dessus de la platrière et je décide de schinter Saint Genis… erreur. J’arrive vers 1650 m sur Aujour et là rien ! Toute la vallée entre Saint Genis et Aujour est à l’ombre. Je tiens péniblement au niveau de la 1ère crête dans les rares bullettes restantes sous le sommet d’Aujour pendant ½ h (zut, ça fait vraiment baisser la moyenne). Et puis très bêtement, je décide d’aller plus à l’Ouest sur la crête NO d’Aujour. (Alors que je sais que si le vent n’est pas parfaitement SO, du SE rentre entre St Genis et Aujour).

Dès le début de la transition, je me rends compte de ma connerie. Ça ne descend pas vraiment à l’aller mais, au retour…, j’ai le venturi dans la figure et je plombe inexorablement… impossible de rejoindre la combe, je dois tirer en vallée. En plus, je vois au sud les nuages se désagrégeant et remettant la vallée au soleil.

M….., si j’avais attendu, ne serait-ce que 5 mn de plus, c’était bon ! J’essaie encore une fois de remonter sur les champs de blé, mais j’avise un deltiste posé sur le plateau au dessus de Savournon. Impossible de remonter, je me pose, en me disant que la récupération serait sans doute possible… Malheureusement, il n’en est rien, leur voiture est déjà complète. Ils peuvent seulement prendre mon harnais.
Je pars en stop vers Savournon. Des marseillais (en 4X4 toyota vintage) très gentiment me prennent en stop après 5 km à pied mais leur voiture est une stricte 2 places et ils souhaitent rentrer à Laragne par l’Est de Saint Genis et par le col de Faye. Je fais tout le voyage (30 km) sur le passage de roue en tôle véritable… la partie charnue de mon individu s’en souvient encore.

J’ai un peu la rage de ne pas avoir été suffisamment lucide, patient et observateur. Réellement, le circuit malgré un vent de sud marqué était jouable. Bon, ça fait quand même un petit 70 km en distance libre en 3 h.

Fred n’arrive pas à rentrer et se pose à l’Ouest de la Motte du Caire. BCP lui se pose près de Saint André.

Mardi 29 juillet : repos en famille. Fred boucle un 230 km (toujours pas assez pour passer devant Vianney Tisseau.

Mercredi 30 juillet : re-permission de sortie. Ouest faible donc les Fainéants. Je décolle à 12 h 15 soit ½ h après Fred Pignet et à 12 h 25 je suis posé à Barais. Rien trouvé sur le chemin. C’est mon premier tas depuis 5 ans… heureusement, Jean Claude n’est plus là pour me mazouter… J.

Jeudi 31 juillet :
repos. Fred fait 236 km et passe devant Vianney pour 16 points. O montagne de la clavelière / Grun de St Maurice / S Mt Coupe  =  73.88 / 90.24  / 77.31  Il arrose copieusement l’événement (ça fait rêver hein ? on a déjà du mal à faire une seule branche du triangle en 5 h…)



Vendredi 1er août : Les conditions s’annoncent fumantes. Je me raccroche encore au groupe de Fred. Déco des fainéants à 12 h 45 sans gros problème et même si j’ai un peu de mal à sortir du déco avec un point bas à 1150 m au dessus de Barais le haut, j’arrive à m’en extraire. Petite balise sur le col intermédiaire puis retour au dessus du Déco pour transiter avec René sur Saint Genis. Plafond à saint Genis. BCP est 6 km devant. Transition sur Aujour puis plein toujours avec René sur le sommet d’Aujour.

Avec son Litespeed et son harnais patatoïde, je lui mets une raclée sur les transitions, mais comme je monte comme une bouse, il me rattrape dans les pompes. Arrêt buffet sur la crête à l’Ouest de la grande Ceüse, même si j’ai un mal de chien à prendre quelque chose de correct. René monte un peu plus au Sud sur la face Sud justement de la Grande Ceüse. Plafond vers 2650 m, mais mon thermique m’a bien fait dériver en direction de Gap.

Transition sur l’épaule qui monte de la carrière au pied du Pic de Bure et nous nous retrouvons avec deux autres souples, en jouant au radada à 1650 au pied de Bure. Là encore le vol de groupe nous permet de trouver un bon thermique qui nous remonte jusqu’à 2750 m. Mais ces empafés tournent tous à droite… et moi, je n’aime tourner qu’à gauche… ! Je monte comme un débutant et me fait pisser copieusement sur les lobes.

BCP a déjà fait la balise et commence son retour vers le Sud. Nous arrivons tous enfin sur la face Ouest du Pic de Bure avec plein de planeurs et même un paramou… ? Balise et gaz vers le sud. Le restant du groupe veut aller faire une balise sur le Piolit… je ne suis pas très chaud et comme BCP est déjà au sud vers Ceüse, je décide d’y aller moi aussi. Transition très bonne et j’arrive au Nord de Ceüse vers 2200 m.

J’avise BCP qui fait 2 tours mais déjà très bas au Sud de Ceüse et au lieu d’assurer sur cette fameuse falaise à l’Ouest de Ceüse, je fonce vers lui. J’arrive environ à 200 m au dessus de lui, dans du… rien… aïe mauvais plan, je continue quand même vers l’est en contournant la face sud de Ceüse. BCP lui ne trouve rien et va se poser (crasher ?) dans un champ de blé non fauché. Au même moment, je me fais agresser par un thermique puissant sous le vent de Ceüse et commence à monter dans du +3m/s.

J’appelle BCP à la radio, pas de réponse. L’aile ne bouge pas, le nez est planté. Je monte toujours en gardant un œil sur lui et en l’appelant toutes les 30 secondes. Toujours pas de réponse. Des badauds arrivent et l’aile bouge. Je distingue un casque qui s’extrait de sous l’aile et enfin, il me répond. Sa radio s’était débranchée dans le crash. Pas de bobo, juste une douleur à l’épaule. Bon, ben, ça en fera déjà un de moins à visiter à l’hosto.

Avec tout ça, je n’avais pas vu un atos surgit de nulle part (et pour cause, il a un Mosquito) qui enroule avec moi (à gauche cette fois-ci, ça va beaucoup mieux…) Plein à 2750 m au Sud Est de Ceüse et transition sur la crête des Selles. Raccroché à 1850 m, plein à 2400 m puis transition sur la tête de Boursier. Le ciel est magnifique, il y a des cums partout.

La transition n’est pas terrible mais j’arrive vers 1800 sur la tête de Boursier. Ça ne monte pas, j’avance vers la Malaupe. Et vers 1600 m, je trouve enfin un thermique plutôt carré qui me remonte à 2300 m. Transition vers Jouere. Super plein sur la Blachère (+5m intégré tout doux, large, comment dire… onctueux, c’est ça : onctueux), c’est LA pompe de la journée. J’enroule avec un motoplaneur que je laisse littéralement sur place. Yaouh !!!

Je monte aux barbules à 2650 m et transite vers Jouere. Pas vraiment de cum, mais comme je suis très haut, je ne m’en formalise pas plus que cela. Je vois déjà la fin du vol, Trainon, Gâche, retour (pourquoi retour ? le Sud est très faible, on irait bien se faire un tour sur Lure !).
 
Bien, mais avant cela, il faut quand même monter ! J’arrive sur Jouere très au dessus du sommet, mais là rien, rien, rien, rien… même pas une bullette. Tout ce coin de vallée est orphelin de nuage. Juste un gros Cum bien gras à l’Ouest de Hongrie. Et au lieu de tirer directement dessus, je musarde… et je descends gentiment mais sûrement… Ce qui devait arriver arriva… ½ h plus tard, je suis posé à côté d’un allemand à l’Est de Hongrie, quasiment à son pied (de Hongrie, pas de l’allemand). Il m’assure la récup, mais je suis quand même déçu. J’ai volé 4 h, il n’est pas encore 17 h et j’avais au moins 1 h 30 de vol encore devant moi… bouhouhou.

Décidemment il faudra que j’apprenne à gérer les changements de rythme. Ça fait quand même un 95 km en distance libre, mais…. Un gros goût d’inachevé dans le bouche.

Samedi 2  août :
Biplace de pépette ! Tout couvert sur Aspres. 10 km de face. Un vrai temps de curé. Ma fifille à son papa s’équipe, écoute (sans parler… sisi, c’est donc possible) et décolle. Bernard Kurtz me dira au débriefing qu’elle a ri aux éclats pendant tout le vol et en redemandait quand il prenait un virage un peu serré.

Je suis pas sûr pour le nain, mais pour la naine, je la sens mieux pour porter les valeurs volantes familiales. Je décolle derrière elle et me fait une fléchette de 15 mn pour me poser sur les roulettes (la honte !!!!) sur le chevalet.

Dimanche 3 août : je dois raccompagner mon copain à la gare de Marseille… il repart en train sur Angers. Donc pas de vol. Fred fait un tas… ouf !

Lundi 4 août : normalement début du stage… on monte aux fainéants. Mais ça envoie de l’ouest grave à Chabres. La météo s’est plantée, il n’aurait dû y avoir que du Sud Ouest faible… Fred décolle dans une bouiffe de face à 12 h, se fait branler comme jamais et  descend en fléchette vers le poisson. Il se pose sans bobo, mais a un mal de chien à replier dans des rafales d’Ouest à 40 km/h… Et nous ? Alain B (Stratos), Guy (Atos), Bertrand (Top Secret), Christine (sa femme) Zenith (ça nous rappelle de bons souvenirs) et Philippe (Laminar Easy) et bien sûr… le maître (67). On est comme des cons à espérer que ça baisse. On a pas 40 km/h mais plutôt 20 d’ouest qui se redresse de temps en temps pendant 15 secondes pour repasser immédiatement à l’ouest ramenant avec lui des rafales et/ou des dust déments. On se parle à distance chacun scotché à son aile pour l’empêcher de partir toute seule.

À 14 h, tout le monde replie et on décide d’aller voler à Mison (je sais, c’est triste). Le temps qu’Alain redescende chercher  le bus. On devise. Soudain, on voit 2 gaziers descendre une aile dans un piteux état des Espranons. On va aux nouvelles… Attroupement au déco Nord des Espranons. Un pilote Suisse-Allemand a essayé de décoller malgré les conseils de tous les pilotes présents… il avait, en plus, déjà raté un déco 20 mn plus tôt.

Il est parti en Nord en sous vitesse, s’est pris un pétard monstrueux en sortie de décollage et fait un retour à la pente très violent dans la combe à l’ouest du sommet.

L’hélico arrive, les pompiers sont déjà là : Troma crânien, coma… Il y était encore à la fin de la semaine d’après les gendarmes.

On s’éclipse et on redescend sur Mison. Fred est déjà en l’air sur Mison également et peste à la radio qu’on a trop tardé (la navette qui a redescendu Alain l’avait pris au passage) et qu’il a raté les thermiques qui auraient pu lui permettre de partir. On le laisse gentiment cirer la crête et on monte nos ailes. Je décolle en premier à 17 h. (Eh oui, la rotation est longue… !)

1ère impression, ça rappelle le bord de mer. C’est très alimenté, ça décolle sur place et ça tient à 100 m au dessus de la crête. Fort de mon expérience de la semaine précédente, je me dis que ça va bien partir à un moment ou à un autre.

Effectivement, de temps en temps, j’arrive à enrouler un boulet pendant 3 tours histoire de prendre 200 m. L’objectif est de rentrer au camping par ses propres moyens. Alain B, décolle ensuite, puis Guy et enfin Alain C. Christine est un peu rebutée par la force du vent et Bertrand a un début de crise de colique néphrétique (décidément ! On en sort pas !).  On cire la crête pendant 2 h à 45 km/h soit 90 km !?.

Un paramou se joint à nous et se positionne en vol stationnaire juste dans la zone où on avait une chance de pouvoir prendre un thermique conséquent. Je ne peux m’empêcher de penser que la position de vol de nos chers cousins rappelle inévitablement les stations quotidiennes (pour qui a le transit régulier…) dans les lieux d’aisance pour le gros popo du matin.

Y a pas à dire, un  pilote couché ventre dans son harnais et faisant corps avec son aile est incontestablement plus esthétique !!!

Bon, on se pose au sommet, ça ira mieux demain !!!



Mardi 5 août : repos forcé, trop de vent.

Mercredi 6 août :
enfin du Sud correct. 10 à 15 km/h de face, déco à 13 h 15. Circuit Nord envisagé avec Pic de Bure. Je décolle en premier. Enfin, juste avant de décoller, j’entends un froissement de tissus quasiment devant le déco. Je lève les yeux, une méduse en fermeture. Autorotation. Réouverture autonome, le pilote est bizarrement totalement passif. Refermeture de l’autre côté. Re réouverture… face au déco. Impact ! latéral (heureusement) . Juste devant ma ligne de décollage à 40 m en dessous. J’ai déjà mon aile sur le dos et je vois des pilotes se précipiter. Le gars reste à terre, mais ça bouge encore. Des bobos, mais pas trop grave (le gendarme de quasi permanence au camping durant cette annus horribilis nous a indiqué que le pilote s’était fait un coccyx).

Alain nous presse. En nous indiquant que si les pompiers qu’on entend déjà pimponter dans la montée, arrivent : ils fermeront le déco pour 2 h minimum.

Bon, je m’y colle et ça décolle. Ça monte tout de suite. Le groupe n’est pas aussi bien rôdé que celui de mes chères crevures belges, et malgré la pression, ça met du temps à suivre. Tout le monde est enfin en l’air.

Je vais faire une balise à l’Ouest vers le col intermédiaire. Des cums sont désormais bien présents. Alain nous rejoint au plafond et gaz ! La transition sous les nuages en direction de Beaumont est une merveille, on marsouine à 70 km/h dans les barbules. Christine se fait bouffer un moment mais arrive à s’en sortir sans problème. Echaudé par Beaumont, je décide de filer directement sur Saint Genis. Philippe et Christine restent eux sur le plan de vol. Je vole en compagnie d’Alain B et essaie de guider Guy qui allait vers le sud de Saint Genis.

Bertrand est en compagnie d’Alain C et temporise pour guider les deux souples qui ne trouvent pas grand-chose sur Beaumont. Toute la vallée entre Serre et Laragne est à l’ombre.

Guy décide d’écourter son vol et retourne au terrain. Christine perd sa radio en vol et se pose au pied d’Arambre.

On refait un plein entre Saint Genis et Aujour. Les transitions sont toujours aussi exceptionnelles. Bon, en transition, pas de secret le stratos va mieux. Il arrive avant moi sur Aujour et me balise une super pompe au sommet. Re-plein aux barbules vers 2800 m et zou, direction Pic de bure. Comme Alain B, ne connaît pas le coin, il m’attend (yark, yark). On arrive à nouveau à l’Ouest de Ceüse sans vraiment trouver quelque chose de bon, mais j’ai perdu moins de 200 m sur la transition Aujour / Ceüse. Alain B fait une baïonnette vers Veynes, je m’en tiens à mon idée : tirer direct sur le pic de bure. Bingo ! Je prends un + 4 intégré en milieu de vallée. Alain B me rejoint, mais je suis déjà au plafond et transite sur le Pic de Bure. La grosse montagne est déjà à l’ombre. Résultat, j’ai un peu de mal à monter. J’arrive enfin au sommet et coup d’œil sur la montre : moins d’une heure après le décollage ! Alain me suit maintenant à 1 km.

Alain C est sur Ceüse avec Bertrand et ne veut pas prendre le risque de se poser à Veynes. Les cums couvrent maintenant tout le coin et l’ombre tue la convection. Ils décident de tirer en direct vers le Sud en direction de la Tête de Boursier.

Nous les suivons mais à 8 km derrière. Au retour, la transition vent dans le nez est nettement moins bonne et nous arrivons très bas sur l’épaule qui part de la vallée de Veynes et remonte vers la falaise à l’Ouest de Ceüse. Ça tient en thermo-dynamique pendant ¼ d’heure avant que la vallée à nos pieds ne revienne au soleil pour nous donner le thermique salvateur. Le groupe de tête est désormais passé en queue… Alain C et Bertrand sont déjà à mi-chemin de Boursier. Ils nous annoncent que la transition n’est pas très bonne.

Je décide d’assurer et de passer par la crête des Selles. Répétant les conseils du maître, je dis à Alain B de s’écarter d’1 km à l’Ouest pour la transition. Sa radio tombe en panne à ce moment là et je le perds de vue. Alain et Bertrand arrive à 1350 m sur Boursier et se refont gentiment. J’arrive à 1650 à l’Ouest du Pic de Crigne… et j’y reste ! Pendant 1 heure, je fais le yoyo entre 1350 et 1550 m devant cette put… de montagne à me prendre des boulets dans la tronche sans pouvoir les exploiter.

Je suis bientôt rejoint par 3 souples et nous restons là comme des cons (y a pas d’autres mots) à chercher le bon thermique. Pourtant le vent est sud, il y a du soleil… Si j’avais été tout seul, je me serais dit, « TTC (t’es trop con), tu ne sais pas les prendre… » mais là, à 4 ? On aurait eu un nid (de cons justement !), statistiquement improbable.

Pendant ce temps, Alain C et Bertrand annonce les caps, positions, altitudes : Malaupe, 2700, Blachère 2700, Jouere, 3000 (aaaaaarrrrrgggggghhhhh), Trainon, 2700, retour (gniagniagnia…).

Et moi, je reste à cirer ma crête. De rage, j’avance vers Ventavon. Miracle, le thermique me remonte à 2200 m. Il n’est que 16 h 30, me dis-je, c’est un peu tard pour l’Est, mais le pour le Sud ?

Plutôt que de tirer direct vers le camping, (que je vois !), je vais vers Saint Genis, histoire de faire un plein là bas et pousser vers Chabre, la plate, roc de l’aigle… pas Lure à cause du vent, ça ferait un beau quadrilatère quand même ! Et pis Saint Genis, c’est ma copine.

Donc, zou vers saint Genis. J’y arrive à 1650 m donc toujours largement en local du camping. Et je cherche, je cherche. Je vais vers l’Ouest, fait tout la crête Sud de Saint Genis sans rien trouver. Au bout de la crête, je ne suis plus qu’à 1450 m mais ça le fait encore, je retourne vers l’Est. Ça va bien déclencher rududju ! Mais non, 1350 m, ça le fait plus, 1250 m de moins en moins.

Je me décide enfin à tirer au Sud, mais pas de pompe salvatrice. Même si la transition est bonne, je sais que je ne passerai pas les avants reliefs avant le camping. Ne désirant pas refaire le coup d’il y a 3 ans et me poser dans une poubelle au pied de la plâtrière, j’avise un beau champ et commence à m’aligner. Tiens, les feuilles des arbres ne sont pas retournées  comme elles devraient l’être ? Mais… ? Je suis vent de cul ! Et cette p…in de tirette qui est coincée… Maman, je vais encore me prendre une boîte ! Saintes Roulette priez pour moi ! Je roule effectivement pendant 40 m (mon beau harnais… mon beau harnais…  comme dirait Joséphine !!!!).

Bon… Posé vivant, posé content, mais quand même quel abruti ! Vaché à 3 km du camping ! Ça n’a pas de nom ! Triangle de 75 km en 4 heures de vol.

Alain C m’annonce qu’ils sont bien rentrés, y compris Alain B (qui a fait le plein sur le sommet d’Aujour et est rentré sans radio) et qu’il vient me chercher.

3ème occasion ratée du séjour de boucler un 100 km + !



Jeudi 7 août : Nord Ouest faible. Nous montons aux Espranons, pour avoir les 2 options N/S. Nous décollons finalement en Nord. Pas un cum en l’air !

Je décide de partir en premier. Mais au lieu de me positionner au sommet, je reste dans la combe à l’Ouest de la petite antenne. Je suis en l’air en trois pas mais je rentre dans le rouleau de la falaise et donc je « vole » sans m’éloigner de la pente.

J’ai le bon réflexe de rester tiré quitte à raser les buissons en fin de déco à 50 km/h … et heureusement, car je prends une bouiffe énorme à 30 m de la falaise. L’énergie cinétique accumulée me permet rentrer dedans de front même si la barre manque de m’échapper des mains.

Ouf ! Sur le moment, j’analyse quand même très vite que je suis passé très près de la correctionnelle voire pire. J’en informe les copains par radio. Tout le monde va aller décoller du sommet.

Je garde ce thermique qui me monte au plafond à 2300 m. Les conditions se marginalisent et 2 pilotes (Christine et Philippe) finissent au tas. Alain C temporise pour attendre les autres. Je pars devant et fait en solo Col intermédiaire, la plate (que je méprise), Roc de l’Aigle que je raccroche très bas sous la crête.

Ça tenouille tout juste. Puis, toujours en avançant vers l’Est et vers Sisteron, j’avise un Milan cerclant… tiens, tiens… je le rejoins et… ça marche ! Je refais le plein à 2200 m. Bertrand, qui est arrivé plus tard, n’arrive pas à trouver l’alimentation de ma pompe, s’enterre progressivement et va se poser le long de la nationale entre Sisteron et la Marmotte.

Alain B se refait avec Guy au dessus d’un décollage parapente entre Sisteron et le Roc de l’Aigle. Je transite sur Gâche que je raccroche largement au dessus de la crête et je progresse vers l’Est. Guy n’a pas réussi à faire le plein et abandonne l’idée de Gâche. Il se pose à la Marmotte sur le retour.
Alain B lui, fait un détour par la Baume (?) s’englue et se pose également sur le retour le long de la nationale mais plus près de Sisteron.

Je fais une balise entre le Trainon et Gâche, refait le plein à cet endroit et commence mon retour. J’avais envisagé de poursuivre jusqu’à Jouere mais Alain me le déconseille avec le Nord prévu.  

Le début de transition est plutôt bon, mais dès que j’ai la montagne de Hongrie par le travers, ça se gâte. Le vent de Nord se renforce dans les basses couches. Et je plombe littéralement. En étant parti de 2300 m du Trainon, je me retrouve à 950 m en arrivant à la Durance. Impossible de seulement me poser au Poet. Je repère un champ longeant le canal au Sud Est. Seul petit problème, c’est que ce champ est en contrebas et que je vais me retrouver sous le vent désormais très présent du polder du canal…
En fait le champ est immense et je me pose à côté du tracteur du propriétaire du coin (charmant au demeurant : j’ai dit demeurant, pas demeuré).

Le maître me rejoint dans mon champ après s’être battu comme un beau diable pendant 20 mn au dessus mais sans pouvoir trouver un thermique suffisamment puissant pour contrer la dérive.

Un petit 70 km en distance libre et 3 h de vol. Décidemment, je n’aurai pas beaucoup bouclé cette année.

Vendredi 8 août :  Nord très fort. Trop fort pour Chabres. Nous décidons d’aller au Courtet. Pour moi, ce sera une première. J’y suis allé 2 fois sans jamais pouvoir décoller.

Arrivée sur place vers 13 h 30. Nous déjeunons à l’atterro. Il semblait bien me souvenir qu’il était petit !!! et en pente mais à ce point là ! Le champ en entrée de terrain dans lequel Pierre s’était posé pendant le stage 15 jours auparavant (oui, tu peux me traiter de crevure…) a été fauché mais les ballots de paille sont encore là ! On en roule quelques uns histoire de ne pas faire un strike. Puis on monte. Beaucoup de méduses qui nous regardent, mis amusées, mis agacées. (Quoi ? des tubeux ici et pis des poutres en plus…).

Le déco est pour le moment bien alimenté. On monte vite fait. Je me harnache. Le temps de voir quelques décos de méduses pas piqués des vers. Du genre en direct du sketch : « je suis arraché, mais c’est bon », « je ne suis pas gonflé mais ça va le faire ».

Je me présente au déco. Tip top, en 3 pas je suis en l’air. Première impression : ça confirme que je n’aime pas le relief et encore moins quand il est gros.

L’Obiou et le Grand Ferrand sont coiffés, les plafonds ne montent pas au dessus de 2200 m. L’aérologie est très puissante avec des + 7 instantanés.
Le plan de vol serait plutôt d’aller vers Chatel pour B1 puis l’Obiou B2 et boucler le triangle par le Col de la Croix Haute B3. Ça, c’est le plan de vol. En l’air, cela semble moins évident… Je fais le plafond très vite en essayant de ne pas coller le relief et je manque de me faire bouffer par le nuage. Je tire à fond et sort des barbules à 110 km/h.

En dessous, ça a l’air de se passer moins bien. Bertrand met plus de 10 mn à décoller, Alain B, Guy et Christine mettent plus d’1/2 h à le suivre. Quand à Alain C, il restera ½  heure à l’adresse avec du vent latéral voire arrière… !

J’essaie la première transition vers Chatel. Le vent de Nord est très fort, je plombe littéralement, ça dégueule de partout et j’arrive très largement sous la crête de Chatel (donc sous le vent). Impossible de passer au vent, je fais demi-tour et me retrouve à hauteur du déco.

Christine se fait bouffer par le nuage et lance un SOS à la radio. Son mari mi-sérieux, mi-goguenard lui conseille de se fier à son GPS pour sortir par l’Ouest du nuage. Elle met quand même 4 mn à en sortir et dégoûtée va faire un tour dans le bleu au Sud Ouest. Le vent se renforçant en basse couche, elle ne pourra jamais en revenir et se pose très proprement sur un terrain en dévers à 5 km de l’officiel.

Il y a beaucoup de méduses en l’air dont une va rester plus de 10 mn aux oreilles sans pouvoir ni avancer, ni descendre… je n’imagine même pas l’angoisse !

Nous volons près de 3 heures en local. Sans pouvoir nous éloigner réellement du déco. Seuls Alain C et Alain B arrivent à aller vers le Grand Ferrand où Alain C fait le plafond de la journée à 2700 m. Il fait très froid là-haut, j’en ai marre et je décide d’aller me poser. Bertrand et Guy l’ont fait 1 heure plus tôt et se posent tant bien que mal sur l’officiel.

Pour nous faciliter un peu plus la tâche, ils continuent de faire le ménage sur le champ de blé fauché en entrée de terrain, en poussant les balles de paille de sur le côté.

J’ai beaucoup de mal à descendre et quand enfin j’arrive sur mon approche, je me fais brasser très violemment. Le vent jusqu’à présent plus ou moins aligné fait de brusques bascules de 90° pour passer travers.

J’avertis Alain à la radio que je ne souhaite pas prendre de risque et faire un montant et préfère payer les 5 euros de « hors terrain ». J’avais déjà repéré le champ de blé fauché (grand, large, plat) qui se situe après le champ de maïs en bout d’attero. Je m’aligne et me pose néanmoins comme une bouse en plein milieu mais sans bobo, ni pour moi, ni pour l’aile.

Alain B et Alain C, eux aussi, conviennent que ce n’est pas raisonnable de prendre le risque de se poser en travers sur ce terrain déjà très petit et me rejoignent sur mon aérodrome.

Les autres viennent nous chercher et nous informent que les parapentistes sont sans nouvelle d’un des leurs. C’est un pilote des Côtes d’Armor. Il s’est fait manger par le nuage et s’est posé semble-t-il sur le plateau de l’Obiou à 2300m. J’apprendrai par la suite qu’il s’y est bien posé mais a fait une chute mortelle en essayant de redescendre par ses propres moyens. (Une triste nouvelle de plus).

Ils nous font part également des discussions qu’ils ont eues avec les méduses qui admiraient notre faculté à pénétrer dans le vent fort…

C’est pas faute de leur avoir dit que le Delta, y-a que ça de vrai.

Samedi 9 août : Retour sur Chabre, le Nord est toujours présent mais plus faible. Déco Nord donc. La tâche sera de faire le col Saint Jean, Lure, Gâche et retour. Les 15 km de face permettent des décos sans soucis. Ça tient en quasi dynamique le long de la crête, mais impossible de dépasser 1800m.

Je décolle en 2. Et je yoyotte pendant 1 h ½. Les compétiteurs anglais sont confrontés au même problème. Une grosse inversion de subsidence commençant à 1650 bloque tous les thermiques à cette altitude. Seuls les plus grosses pompes arrivent à percer ce « plafond ».
Bertrand est le premier à en trouver une 10 mn après son décollage. Passé la couche d’inversion, c’est tout bon. Il fait en solo et en 4 pleins, Col Saint Jean / Crête de l’âne/ Montagne de Lure/ Gâche et retour en 2 h 30.

Christine n’a pas voulu voler ce jour là. Philippe reste en vol local. Guy ne suit pas les conseils du maître et après s’être laissé distancer, va juste faire Roc de l’Aigle et retour.

Pour ma part, ayant (enfin) réussi à passer au dessus du plafond, je suis à la traîne et à une pompe d’Alain. Je fais le col intermédiaire/ Crête de l’Ane/ 10 km à l’Ouest des antennes. Les plafonds sont pratiquement les plus hauts de la semaine avec 2950 m pour moi et 3200 m pour Alain sur les antennes de Lure.

Son nouvel engin transite vraiment bien. Nous partons à 5 mn d’écart des Antennes de Lure et moi 250 m plus bas. J’arrive 5 mn après lui sur Gâche (d’une traite) et 250 m plus bas. Sur Gâche, c’est bizarre. Ça monte un peu, mais pas au dessus de 2200 m. Ce sont plutôt des thermiques carrés. Nous recroisons les compétiteurs Anglais, qui doivent aller sur Saint Auban puis au but à Puimoisson après leur balise à Saint Geniesse. Je fais toute la crête sans rien trouver. Alain décide de partir de 2000 de Gâche en espérant trouver quelque chose en vallée.

Il chope un 0,5 un peu avant le canal de la Durance qui lui permet de reprendre les 400 m nécessaires pour rentrer. Pour ma part, je m’obstine sur Gâche et d’un seul coup le vent bascule de 180 °. Ça ne tient plus du tout sur gâche et je file en vallée. En passant du coup sous le vent de Gâche, je me fais enterrer et je me pose à son pied dans un grand champ et à côté d’un camping… de naturistes hollandais ! (sisi, c’est possible). 60 km en distance libre en 3 h 30 de vol.

Plaisir des yeux (de jeunes naïades bataves ma fois fortes accortes) et du gosier (une bière bien fraîche), me permettent d’attendre la récup. Je retire le haut histoire de faire plus « couleur locale », mais ça m’a fait quand même bizarre de parler en anglais les yeux dans les couilles du tôlier du camping. (Naturiste bien évidemment lui aussi).

Snif, sob, céfini !!!!! bouhou, maman, je veux pas rentrer, la maîtresse, elle est pas gentille.



Epilogue


Ce dernier vol était le 14ème de la série (dont 1 fléchette et 1 tas) et venait conclure 3 semaines et ½ de vacances au soleil.

Pour le vol :
ce fut vraiment une année de transition, même si le temps de vol et le kilométrage global est significatif : plus de 40 h de vol sur Laragne pour plus de 700 km. (ça fait une toute petite moyenne…). Pas de recors personnel cette année. Et bouclé seulement 2 fois…

Pour les cartons :
carton plein justement, mais pas pour moi !

Pour l’aile :

le changement de centrage s’est révélé payant. Le virage est beaucoup plus homogène et les transitions restent ok. Les nouveaux souples sont impressionnants en transition…. A conditions qu’ils soient bien menés (…quel crevure ce chauve !!!). L’EXXTACY bien mené, est certes en retrait par rapport au TSUNAMI et au STRATOS, mais égal à l’ATOS. Après il faut compenser la moindre performance par une plus grande maîtrise du vol et de la stratégie en l’air (ça va les chevilles, oui ?).

Pour le matériel :
pas un montant, pas une speed barre, pas un BA, pas une nervure, pas une canne… (Ça fait une moyenne avec certains… crevure toujours).

Pour le harnais :
Une vrai réussite, plus bobo à la nuque, des vols de 3h et plus sans fatigue. Une bonne position pour les transitions. Un bémol : la position pour l’atterro et le poussé final trop allongé. A bricoler durant l’hiver.

Pour le GPS :
J’espère avoir trouvé la cause des deux balises manquées… (2 manches bouffées en 8 manches courues entre 2007 et 2008), ça fait beaucoup.

Pour la météo :
Laragne n’est plus qu’elle était. Des plafonds plutôt aux alentours de 2500 que de 3000m. Une aérologie que j’ai trouvée quand même plus saine et moins puissante que celle de l’année dernière. Pas beaucoup de cum et quand ils étaient là, ils étaient souvent trop présents…
Seule la pluie a été gentille en ne s’invitant que le dimanche midi alors que j’accrochais la remorque au break, une fois le camp replié.

Pour les potes :
1 semaine avec eux, c’est vraiment trop court pour appréhender sereinement la coupure d’un an… Résolution 2009 : Penser à réserver au moins 15 jours avec les Belges et faire tout pour les voir entretemps.

A l’année prochaine pour de nouvelles aventures…

2008 Patrick Bouillet, chauve rigide nantais


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