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EXPLOIT - L'homme qui vole avec les oies


Aidé de quelques biologistes européens, Christian Moullec, passionné d’ornithologie et météorologue de profession, a eu l’idée d’utiliser un ULM pour enseigner des voies de migrations différentes à de nouvelles générations d’oies naines.

Mais qu’est-ce que je fais là ? Trois cents mètres sous mes yeux défile le cordon surpeuplé d’une des plages de Barcelone. Sur ma gauche, le bleu de l’horizon méditerranéen tranche avec la couleur du sable et la verticalité provocante de quelques hauts immeubles de la ville catalane. Sur ma droite, perpendiculairement à la côte, l’axe d’une grande avenue s’achève en une vue imprenable sur l’imposante cathédrale de Gaudi. Mon groupe d’oies cendrées, merveilleusement alignées à mes côtés, est indifférent aux questions incongrues que m’inspire ce spectacle presque surnaturel. En bas, 400000 personnes, la tête en l’air, nous regardent sans murmurer. Je suis là pour régaler les yeux de la population et j’ai conscience de me nourrir de cette nouvelle expérience. J’agite machinalement la main pour saluer la foule espagnole, qui remue à son tour une multitude de bras. La concentration que m’impose le pilotage de mon aile Delta canalise l’essentiel de mon attention. Je m’enivre de la fierté que me procure cette « prouesse ornithologique ». D’ordinaire, tous ces gens ne voient pas les oiseaux migrateurs qui passent régulièrement au-dessus de leurs quartiers, mais aujourd’hui, ils rêvent en me regardant voler avec mes oies sauvages. Pour moi aussi, les souvenirs arrachés ici resteront longtemps dans mon esprit.

Ce n’est pourtant pas en vue d’offrir un beau spectacle que j’ai commencé à voler avec mes premières oies en 1995. Non, je voulais seulement savoir si les idées de Konrad Lorenz, le célèbre éthologue autrichien, pouvaient me servir à enseigner de nouvelles voies de migration à des espèces menacées dans leur milieu naturel. Lorenz avait étudié, entre autres comportements animaux, le phénomène de « l’imprégnation » chez quelques anatidés : la faculté que possèdent beaucoup d’espèces à s’attacher au premier objet animé qui leur manifeste quelques proches attentions dans les heures suivant la naissance. Je savais par ailleurs que les oies, les cygnes et les grues sont des espèces migratrices qui, n’ayant pas l’instinct de la migration, ont besoin de suivre leurs parents en vol durant les premiers mois de leur vie afin de mémoriser les trajets qu’ils devront apprendre plus tard à leurs propres jeunes. Un comportement acquis qui s’oppose au comportement plus traditionnel et inné de la plupart des autres espèces migratrices pour lesquelles la migration est un réflexe, la manifestation d’un ordre dicté par les gènes, comme chez les hirondelles, les coucous ou les cigognes. Avec les premiers vols réalisés en compagnie de deux bernaches nonnettes, je découvris le plaisir de me prendre pour un oiseau, associé à l’objectif utile de servir une espèce menacée.

Dès mon enfance, ma passion pour les oiseaux s’était manifestée par de longs moments à rêver le nez en l’air en observant le vol merveilleux des espèces qui peuplaient ma Bretagne natale. Je passais aussi beaucoup de temps à me demander ce que je pourrais faire de ma vie avec cet intérêt un peu en marge pour l’observation du ciel et de ses habitants. Météorologue serait le métier qui allait me permettre de trouver un alibi intéressant, grâce à l’observation des nuages et des divers phénomènes atmosphériques. Le droit que l’on me refusait à l’école primaire de rester au fond de la classe, le regard perdu vers le ciel, pourrait bien finalement m’être accordé par le biais de cette profession passionnante. Mais ce qui me séduisait plus encore dans cette activité, c’était la possibilité de séjourner de longs mois dans les territoires d’outre-mer pour observer l’avifaune.

En 1998, j’allai passer une année sur l’île d’Amsterdam, au milieu de l’océan Indien. Entre les observations météo et les lâchers de ballons-sondes, je me consacrai à l’étude et à l’observation des albatros, des manchots et autres pétrels géants. J’élaborai aussi des projets de migrations avec les oies naines de Suède. Dans la foulée, je séjournai quatre ans à Saint-Pierre-et-Miquelon. Là-bas, pas question de m’initier au pilotage des ULM : la météo est bien trop capricieuse pour un débutant. C’est dans le Cantal que j’ai découvert le vol en deltaplane, puis le vol motorisé en compagnie de mes premiers oiseaux. Je suis encore affecté aujourd’hui comme météorologue dans ce département, où la nature et les paysages sont préservés. [...]

© Photo : Christian Moullec
 Site de Christian et Paola Moullec : ICI


Tiré de : http://www.a360.org/article.php3?id_article=212

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